Pour ceux et celles qui ne vous connaitraient pas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Diana Barthélemy et je suis née à Bruxelles. La plus jeune d’une fratrie de quatre enfants, je suis longtemps restée «la petite» ! J’ai quitté Bruxelles lorsque je me suis mariée. J’ai quatre enfants et trois adorables petits enfants.
Mon père est né à Anvers mais il s’est retrouvé orphelin dès l’âge d’un an. Vers douze ans, il est venu vivre chez des cousins à Schaerbeek. Il a commencé sa carrière à 18 ans comme coursier et l’a terminée comme directeur commercial.
La famille de ma mère est originaire de Schaerbeek. Mon grand-père était professeur de grec et de latin. Avant d’être nommé à l’Athénée de Schaerbeek, mon grand-père était en poste à Saint-Hubert et c’est donc là que ma maman est née. Elle a obtenu un régendat littéraire en français, géographie et histoire. Elle a travaillé dans sa jeunesse mais ayant eu quatre enfants en cinq ans, sa vie de famille est très vite devenue sa priorité et elle s’est totalement épanouie dans son rôle de mère au foyer.
J’ai un diplôme de traductrice en anglais espagnol. J’ai choisi l’option traduction plutôt que celle d’interprétation parce que pour moi la recherche de la bonne traduction et le choix du mot parfaitement approprié avaient beaucoup d’importance. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de faire le lien avec la sophrologie où le terpnos logos a toute son importance.
Comment passe-t-on de la traduction à la sophrologie ?
Mon diplôme de traduction en poche, j’ai travaillé pendant plus de dix ans dans une multinationale dans les ressources humaines. A l’arrivée de mon quatrième enfant, j’avais décidé de faire une pause d’un an mais finalement la pause s’est prolongée durant quinze ans (rires).
J’ai découvert la sophrologie par un hasard de la vie, en rendant visite à une cousine qui était sophrologue. A l’époque cela ne me parlait absolument pas (rires). Pourtant en discutant avec cette cousine, je me suis dit que la sophrologie pourrait m’aider à gérer mon stress. J’avais mis ma carrière entre parenthèses durant plusieurs années et j’avais besoin de prendre soin de moi et d’acquérir des outils pour me poser et cultiver la zénitude . J’ai effectué quelques recherches et je me suis inscrite dans une école de formation à Paris qui ouvrait justement une branche sophrologie.
La sophrologie, véritable révélation
Cette formation a été une véritable révélation pour moi : alors que mon objectif était au départ mon propre bien-être, j’ai monté, dans le cadre de ma formation, un groupe de pratique à Gembloux et très rapidement je me suis rendu compte que j’aimais vraiment ça. J’ai donc trouvé une formation complémentaire en harmonie vitale par la sophrologie. En parallèle j’ai passé mon CAP (Certificat d’Aptitude Pédagogique) ce qui m’a permis de découvrir des outils pédagogiques modernes. Le fossé entre les méthodes d’apprentissage utilisées dans mon cours de sophrologie et dans le cadre de mon CAP était tel que j’ai décidé de devenir professeure pour faire bouger les choses. J’ai fait ma troisième année d’harmonie vitale à Thuin où ma professeure, sachant que je me formais à la pédagogie, m’a proposé de m’inscrire en parallèle à son cours de première afin de me familiariser avec les techniques qu’elle utilisait.
De étudiante à professeure
A la fin de cette deuxième formation, cette professeure a pris sa retraite et la direction de Thuin m’a proposé de reprendre ses cours, dès la rentrée suivante. J’avoue que la première année a été très chargée. Je concevais la journée les cours que je donnais le soir. Malgré la lourde charge de travail que ces cours ont représenté au début de ma carrière, j’ai tout de suite adoré enseigner et aujourd’hui cela fait dix ans que je suis professeure.
En 2017, j’ai ressenti le besoin de découvrir d’autres pratiques et de relever un nouveau défi. C’est pourquoi, je me suis inscrite à un cycle expert à l’Académie de Sophrologie de Paris, que j’ai validé en 2019.
Parallèlement, j’avais commencé à donner un cours de “Gestion du Stress” à l’EAFC Rixensart. Cette année-là, j’ai été contactée par le groupe Dunod/Hachette pour écrire un livre sur le sujet. J’ai immédiatement accepté et écrit “2h Chrono pour arrêter de stresser (et rester zen)“. J’y ai inclus toute une série de techniques de sophrologie. Il a été bien accueilli et j’ai même eu l’occasion de faire une conférence à ce sujet à la 50ème Foire du Livre de Bruxelles.
Je travaille également en cabinet à Gembloux. Cela me permet de présenter à mes étudiants des cas concrets. Cela dit, je n’ai pas un agenda complet, je préfère proposer un accompagnement personnalisé et de qualité plutôt que d’enchainer les rendez-vous.
Y a-t-il un sophrologue ou un courant de la sophrologie qui vous a tout particulièrement inspiré ou influencé ?
Tous mes étudiants pourraient facilement répondre à cette question (rires) : Il s’agit de Charles Rodà que j’ai eu comme professeur durant mon cycle expert. On ne peut qu’admirer un médecin qui vous dit « le médecin est spécialiste de la maladie et le sophrologue est spécialiste de la santé … » et qui décide de se consacrer à la sophrologie pour donner un sens positif à sa pratique. Charles Rodà allie rigueur et humanité et je dois dire que j’ai beaucoup de respect pour lui.
J’ai rencontré d’autres figures de la sophrologie qui m’ont influencée mais jamais comme Charles Rodà.
En tant qu’enseignante, que conseilleriez-vous à une personne qui voudrait se lancer dans une formation en sophrologie ?
Selon moi pour être sophrologue, il faut être prêt à travailler sur soi-même et à intégrer la sophrologie dans sa vie pour la vivre de l’intérieur. Il me semble que les étudiants qui ne sont pas prêts à travailler sur eux-mêmes abandonnent souvent avant de terminer la formation.
Je vois aussi certains étudiants qui commencent cette formation de sophrologie pour acquérir différents outils qu’ils utiliseront ensuite sur les autres. Je ne crois pas trop à cette approche. Une formatrice de mon cycle expert résumait très bien mon idée de la sophrologie en disant qu’il fallait apprendre à être sophrologue et pas à faire de la sophrologie.
On dit souvent qu’il y a autant de “sophrologies” que de sophrologues, qu’en pensez-vous ?
Je suis assez d’accord avec cette idée et en tant que traductrice, je vais me permettre de répondre à cette question par une analogie linguistique. Avant de pouvoir écrire ou parler correctement une langue, il faut d’abord apprendre le vocabulaire et connaitre la grammaire. Une fois ces bases correctement acquises, chacun va développer sa propre façon de s’exprimer. C’est exactement la même chose en sophrologie. Il faut passer par un apprentissage rigoureux, comprendre les techniques et l’objectif de ces techniques avant de pouvoir les utiliser en y imprimant sa personnalité. Quand les bases sont acquises, chaque sophrologue peut utiliser l’une ou l’autre technique en comprenant ce qu’il fait. Si la technique ne respecte pas les règles de la sophrologie mais permet d’apporter une aide appréciable, pourquoi pas mais il faut être conscient de ce que l’on propose.
En dix années d’enseignement, avez-vous vu une évolution dans la manière dont vos étudiants abordent la sophrologie ?
Ici encore je me permettrai une analogie linguistique. Lorsqu’on apprend une langue étrangère, on peut décider de se consacrer à l’étude d’une seule langue pour en maitriser parfaitement toutes les nuances ou au contraire apprendre plusieurs langues de manière très superficielle. C’est exactement la même chose avec la sophrologie.
Aujourd’hui, de plus en plus d’étudiants voient la sophrologie comme un outils parmi d’autres, à proposer à un client qui les consulterait. Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne façon d’envisager les choses. Pour moi la sophrologie est une méthode qui se suffit à elle-même. Les techniques qu’elle propose sont nombreuses et subtiles. En considérant la sophrologie comme un simple outil parmi d’autres, ces étudiants ne vont pas au fond de l’apprentissage de la sophrologie et c’est dommage. On peut choisir d’être un couteau suisse et essayer d’apporter une solution coûte que coûte ou au contraire d’être un couteau de base pour faire consciencieusement ce que l’on sait faire mais passer le cas à un autre praticien lorsqu’on a atteint ses propres limites. Là encore, c’est un choix …
Si vous ne deviez garder qu’un seul des quatre grands principes de la sophrologie de Caycedo, lequel garderiez-vous et pourquoi ?
Je crois que ce serait le schéma corporel comme réalité vécue même si je n’ai pas compris tout de suite l’importance de ce principe. Il y a certes dans ce principe toute l’importance de l’intéroception et des perceptions mais il y a surtout aussi l’importance de l’image du corps, de l’image de soi ainsi que des émotions que l’on peut vivre. L’idée de corporalité est quelque chose de très large. Pour Caycedo, le schéma corporel couvre bien plus que le schéma corporel. Il y a une idée “d’éprouvé” du corps, qui fait d’ailleurs la différence par exemple avec l’hypnose où il n’y a pas cette notion. Dans le concept de réalité vécue, il y a l’idée d’accepter les choses telles qu’elles sont, ce qui inclut le non-jugement. C’est pour moi un des plus grands piliers de la sophrologie.
En dehors de la sophrologie, qu’est-ce qui vous plaît ? Qu’est-ce qui vous fait vibrer ?
La danse ! Lorsque je regarde un spectacle de danse, je perds complètement la notion du temps. La danse a toujours été très présente dans ma vie. J’ai commencé à pratiquer la danse très jeune. Durant mes études secondaires, j’ai choisi l’option danse et j’ai intégré le « Ballet Gatti » du nom de mon école.
Appartenir à ce corps de ballet signifiait bien sûr donner des représentations à travers toute la Belgique mais surtout beaucoup de travail et de discipline. Je dansais tous les jours durant les pauses de midi, le mercredi et le vendredi soir ainsi que le samedi. Lorsque que j’ai commencé mes études supérieures en traduction, j’ai choisi une école proche du ballet pour pouvoir continuer à danser. J’ai finalement dû choisir entre la danse et mes études mais quand la passion vous tient, elle ne vous lâche pas facilement. Ainsi après mes études, j’ai ouvert une école de danse qui existe encore aujourd’hui.
Pour terminer de manière plus légère, êtes-vous plutôt nougat ou plutôt chocolat ? plutôt bière ou plutôt vin ?
Sans aucune hésitation plutôt chocolat et plutôt vin. La bière ne m’a jamais vraiment attirée néanmoins, aujourd’hui, j’avoue qu’une petite bière sucrée ou fruitée n’est pas pour me déplaire !